
C’est un thème de controverse récurrent : y a-t-il des entreprises qui profitent des conditions inflationnistes actuelles pour gonfler indûment leurs marges ? Les représentants de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution s’accusent régulièrement et mutuellement, alors que selon l’Insee, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 12 % sur un an en octobre.
Mais, après que le premier rapport du sénateur n’ait pas constaté “un phénomène général d’augmentation excessive”, l’inspecteur général des finances (IGF), un service du ministère de l’Economie, a tranché après quelques mois de mandat : ”Ça existe tout simplement. des prix qui montent, donc le prix du blé qui monte, donc en bout de chaîne le prix de la baguette qui monte”, résume, lundi, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Quel est l’effet de l’inflation sur les entreprises ?
Les consommateurs ont constaté des hausses de prix dans les rayons : jusqu’à +60% pour l’huile, +22% pour la farine ou +20% pour les pâtes, listes IGF, pour lesquelles ces prix sont sans précédent depuis 40 ans. Mais il n’est pas le seul à souffrir, selon le rapport.
Pour illustrer ce phénomène, Bursey Services a comparé l’excédent brut d’exploitation des entreprises des secteurs de l’agriculture, de l’agro-industrie et de la distribution. Plus précisément, en comparant le premier semestre 2019 (avant Covid-19 et inflation) et le premier semestre 2022. Verdict : Ce bénéfice “se dégrade légèrement” dans la grande distribution, “diminue sensiblement” dans l’agroalimentaire, et s’améliore dans l’agriculture, “essentiellement sous l’effet de la hausse du prix de vente de la production”.
Une évolution du panier d’achat ?
L’IGF a également évalué en détail l’évolution de la marge de chaque acteur sur 12 produits de consommation, par exemple, le jambon cuit, le boeuf haché, les escalopes de poulet, le lait demi-écrémé, le yaourt nature, le beurre, le camembert, la baguette et les pâtes. Pour ces huit produits, « le prix des matières premières agricoles est nettement supérieur au prix de vente » : différents acteurs ont réduit leurs marges pour ne pas vendre ces produits aux consommateurs à des prix très élevés. Ils sont particulièrement sensibles aux hausses de prix en période d’inflation.
Bersi a conclu que l’industrie avait “rétréci ses marges” et que la grande distribution “n’a pas contribué à faire monter les prix à la consommation des produits alimentaires”. En d’autres termes, n’augmentez pas les prix pour augmenter votre profit, c’est même le contraire.