
Sébastien Lecornu détaille les plans de modernisation de l’Armée, qui passeront par des drones, dont les Patrollers de Safran, qui pourront être armés.
En 2020, le ministère des Armées a été brutalement attaqué par un rapport de la Cour des comptes intitulé, “Drones aériens militaires : une rupture stratégique bien menée”. Le message a été reçu haut et fort par la DGA, désormais présidée par Emmanuel Chiva, l’ancien patron de l’Agence de l’innovation de défense (AID).
“On a raté le tour du drone, ce n’est pas honorable”, a déclaré une personne proche du dossier.
La DGA est donc chargée de tenir le retard mis en lumière par le conflit en Ukraine où les drones se sont révélés être un outil décisif pour la surveillance, le renseignement, mais aussi pour attaquer ou se défendre.
Dans l’entretien Figaro, Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, a fait le point sur la modernisation de l’Armée de terre, qui sera équipée cette année du drone tactique Patroller de Safran. Conçue pour la reconnaissance et le renseignement, la mission doit aller au-delà.
“On veut aussi pouvoir les accompagner. En 2027-2028, on en aura au moins 15”, a annoncé Sébastien Lecornu.
L’armement de ce drone a été évoqué début 2021. Une étude de sécurité des risques pour intégrer l’armement dans le SDT Patroller a été demandée à Safran par la DGA.
Droneisation de l’armée
Le premier sera envoyé au 61e régiment d’artillerie dans le cadre de la modernisation de l’armée. Pour piloter l’appareil à distance, les tireurs ont passé une licence de pilote.
Produit par Safran, le Patroller est basé sur le Stemme S15, un planeur motorisé allemand, et offre quasiment les mêmes performances que les drones MALE (Medium Altitude Long Endurance) tels que les Reapers américains qui équipent l’armée française. Il fleurit à 20 000 pieds avec une distance de 20 heures et une distance de 150 kilomètres. Il peut également guider les munitions pour déplacer des cibles de jour comme de nuit.
Budget en hausse de 36 %
Les drones de l’armée ne se limitent pas à ces appareils. Sébastien Lecornu a également annoncé l’acquisition de 3500 petits drones dans la prochaine LPM (loi de programmation militaire). Le budget total sera de 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030.
Ce “petit drone de contact a fait ses preuves en Ukraine”, a indiqué le ministre des Armées.
L’Armée de terre dispose déjà des drones Anafi de Parrot en version militaire et du SMDR de Thales déployés depuis 2020. L’Armée de terre en a reçu 23 et disposera d’une flotte de 35 systèmes en 2023.
Pour le ministre des Armées, il faut désormais mettre l’accent sur la modernisation de l’armée, quelque peu délaissée depuis de nombreuses années. Les drones sont un élément de cette sophistication, dont l’élément central reste le programme Scorpion où de nouveaux véhicules blindés (chars Griffon, Jaguar, Serval et Leclerc) sont connectés pour un combat collaboratif.
“[L’armée de Terre] va numériser prodigieusement, numériser lors de l’acquisition de nouveaux moyens capacitaires”, a annoncé Sébastien Lecornu, précisant que les crédits vont augmenter de 36%.
“En termes d’équipements et d’armements, c’est un effort de quelque 18 milliards d’euros pour la seule armée. C’est un chiffre historique.”
